Par Marine Tondelier
Candidate EELV Hénin-Beaumont
Le duel entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont semble éclipser les véritables enjeux politiques de ces élections législatives. Marine Tondelier, candidate Europe Écologie – Les Verts dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, explique pourquoi elle ne s’effacera pas devant les deux belligérants.
Ca y est, sa décision est prise, et sera annoncée à 13h à l’occasion d’une conférence de presse à Hénin-Beaumont.
Après avoir promis, la main sur le cœur, qu’il ne serait pas candidat aux élections législatives, Jean-Luc Mélenchon a décidé de poser ses bagages, pour le mois qui vient, dans la si médiatique 11ème circonscription du Pas-de-Calais, qui comprend notamment les communes d’Hénin-Beaumont et de Carvin.
D’excellentes raisons de ne pas reculer devant Mélenchon
Face à cette arrivée avec tambours et trompettes pour une « bataille homérique » contre Marine Le Pen, nombreux sont les journalistes à me demander si je ne devrais pas me désister au profit du héraut de la gauche radicale, moi qui suis candidate sur cette circonscription, au nom d’Europe Écologie Les Verts, depuis près de six mois.
Ma réponse est évidemment non. L’arrivée de Jean-Luc Mélenchon sur cette circonscription ne fait que renforcer mon envie de m’engager pleinement dans cette campagne. Il s’agit de défendre un territoire dans lequel j’ai toujours vécu et de montrer que la transition écologique est la seule voie qui permettra au bassin minier de retrouver son dynamisme, sa sérénité, et sa fierté. J’aimerais expliquer ici les raisons de cette détermination sans faille.
Le Pas de Calais en général, et la 11ème circonscription du Pas de Calais en particulier, ont subi de plein fouet les crises qui ont touché notre pays depuis les années 1970. Désindustrialisation, chômage de masse, pollutions, santé… Dans quasiment tous les domaines, le bassin minier souffre d’un retard absolument insupportable. Cette situation mène les citoyens à exiger un changement dans les politiques mises en œuvre. Car ils ont le sentiment, à juste titre, que ce déclin n’est pas une fatalité.
Le bassin minier pris en otage par les stratèges politiques
Or, au lieu de prendre en compte ces aspirations, les responsables politiques sont incapables de réagir, trop occupés qu’ils sont à profiter de leurs positions de pouvoir pour leur intérêt personnel, ou à se servir du bassin minier comme d’une vitrine nationale. Les turpitudes du Parti socialiste local, empêtré dans les affaires et la division, en sont un exemple.
Le cynisme de Marine Le Pen, venue profiter de la déliquescence politique de notre circonscription pour promouvoir ses valeurs de haine et de rejet, et se présentant comme la candidate du peuple alors qu’elle a toujours vécu dans le luxe, en est un autre.
Si la candidature de Jean-Luc Mélenchon est une bonne nouvelle, comme tous les éléments susceptibles de renforcer la lutte contre le Front national localement, elle vient néanmoins prolonger cette tendance à transformer le bassin minier en appartement témoin de combats politiques très éloigné des préoccupations quotidienne des habitants.
Attention à ne pas transformer Hénin-Beaumont en ring médiatique, ou en terrain de jeu pour anciens candidats à la présidentielle en manque devenus accros à l’adrénaline!
Bien entendu, toutes les volontés sont les bienvenues pour faire échec à la tentative de Marine Le Pen de se faire élire représentante de la circonscription, et toutes les forces de gauche et écologistes se réuniront au second tour autour de leur candidat le mieux placé au premier tour.
Mais je ne suis pas sûre qu’une stratégie « front contre front » soit la plus efficace. Car ce que souhaitent avant tout les habitants, c’est élire un(e) député(e) qui ramènera enfin la sérénité et le calme dans la circonscription.
Recentrons-nous sur les véritables missions des député(e)s
Un(e) député(e) qui ne fasse pas de la politique depuis plus de quarante ans – pour rappel, Jean-Luc Mélenchon a, à lui, seul, plus de cinquante ans de mandats cumulés.
Un(e) député(e) qui ne cumule pas les mandats et se consacre à la mission pour laquelle il ou elle a été choisi(e) par les électeurs
Un(e) député(e) qui n’abandonne pas les responsabilités pour lesquelles il ou elle a été élu(e) – l’exemple le plus marquant est bien évidemment celui de Marine Le Pen, qui a abandonné son mandat de conseillère municipale d’Hénin-Beaumont moins deux ans après son élection, elle qui se veut si proche des habitants. Mais Jean-Luc Mélenchon n’est pas en reste, lui qui devra, tout comme Marine Le Pen, démissionner de son mandat européen s’il est élu député.
Un(e) député(e), enfin, qui se consacrera entièrement au redressement du territoire, et qui ne se servira pas simplement de cette élection législative pour s’offrir une tribune médiatique.
Si je me propose aujourd’hui de devenir la députée de la 11ème circonscription, c’est que je suis convaincue qu’elle mérite mieux qu’un duel de tribuns. Il est urgent, par exemple, que la circonscription ait un taux d’équipement et d’accès aux services de base équivalent aux autres territoires français.
Il est indispensable de lutter contre l’abandon des bâtiments, leurs mauvaises isolations qui sont du pouvoir d’achat en moins et des environnements dégradés. Il est essentiel d’engager la reconversion et la dépollution des sites industriels. Toutes ces améliorations, ce sont autant d’emplois qui correspondent aux compétences existantes dans le bassin minier !
Pour la sérénité plutôt que le tumulte, pour le renouvellement plutôt que le cumul, pour les propositions crédibles plutôt que la posture… Changez d’air, votez Europe Ecologie Les Verts !
Candidate EELV à Hénin-Beaumont, je ne me désisterai pas face à Mélenchon